Proxmox fail2ban
Introduction
Proxmox utilise une interface web d'administration qui utilise le port TCP 8006 et c'est un vecteur possible d'attaque par force brut. Nous allons donc dresser fail2ban pour agir en cas d'attaque !
Proxmox utilise Debian, nous allons principalement reproduire les étapes décrites dans le tutoriel de Fail2ban pour Rocky et adapter à Debian.
Avant d'aller plus loin, assurez-vous d'avoir correctement installé et configuré iptables sur Proxmox
Installation
# apt -y install fail2ban
Configuration
Tout d'abord il faut copier le fichier /etc/fail2ban/jail.conf en /etc/fail2ban/jail.local
cp /etc/fail2ban/jail.conf /etc/fail2ban/jail.local
Dans ce fichier, on va s'intéresser aux variables suivantes:
- ignoreip : correspond à la suite d'adresses IP qui ne se feront jamais bannir;
- maxretry : correspond au nombre d'essais;
- findtime : correspond à la période pendant laquelle les essais vont incrémenter maxretry;
- bantime : correspond au temps où l'adresse IP ne peut pas se connecter.
Configuration de base
Choix de la punition
Il faut choisir quelque chose de cohérent (une punition suffisante) pour ne pas permettre de se faire cracker son mot de passe:
- maxretry = 3
- findtime = 86400 (correspond à 1 journée)
- bantime = 604800 (correspond à 1 semaine)
Cela signifie que si une adresse IP se trompe 3 fois en 1 journée (86400s) elle se fait bannir pendant 1 semaine (604800s).
Un rapide calcul permet de trouver le nombre maximal de tentatives durant une année:
365 jours / 7 jours par semaine * 3 tentatives = 156 essais, ce qui reste raisonnable.
Si le pirate possède un botnet, il faut bien sûr multiplier ce nombre par le nombre de machines dans le botnet...
Attention : fail2ban parcours les logs de connexion pour connaître le numéro de la tentative, ce qui a pour conséquence, si le findtime est grand, de prendre un certain temps...
Jail pour SSH
Il suffit d'ajouter la ligne enabled=true dans la section à activer !
[sshd] # To use more aggressive sshd modes set filter parameter "mode" in jail.local: # normal (default), ddos, extra or aggressive (combines all). # See "tests/files/logs/sshd" or "filter.d/sshd.conf" for usage example and details. #mode = normal enabled = true port = ssh logpath = %(sshd_log)s backend = %(sshd_backend)s
Configuration spécifique
Jail pour PVEPROXY
Pveproxy écoute sur le port 8006 et ne fonctionne pas exactement comme un serveur Apache httpd qui mettrait ces logs dans le fichier error_log.
Nous allons mettre cette configuration spécifique dans le fichier /etc/fail2ban/jail.d/proxmox.conf :
[proxmox] enabled = true port = https,http,8006 filter = proxmox backend = systemd maxretry = 3 findtime = 2d bantime = 1h
Le backend utilisé est systemd, exactement comme si vous utilisiez la commande :
# journalctl -fu pvedaemon
Filtre pour PVEPROXY
Il ne nous reste plus qu'à spécifier le filtre proxmox dans le fichier /etc/fail2ban/filter.d/proxmox.conf :
[Definition] failregex = pvedaemon\[.*authentication failure; rhost=<HOST> user=.* msg=.* ignoreregex = journalmatch = _SYSTEMD_UNIT=pvedaemon.service
Démarrage et enregistrement dans le chargeur de démarrage
# systemctl start fail2ban.service # systemctl enable fail2ban.service
Vous pouvez maintenant démarrer fail2ban
Proxification
Lorsque votre serveur Proxmox se trouve derrière un reverse-proxy (Apache, Nginx, Traefik, ...), au niveau 3 OSI, l'adresse IP du client est remplacée par celle du proxy et le serveur utilise l'entêtes X-Forwarded-For ou X-Real-IP pour transporter l'adresse du client
Le problème est que la seule adresse que fail2ban va voir apparaître dans les logs est celle du reverse-proxy (192.168.4.100) :
Configuration de pveproxy
Si on veut voir l'adresse du client, il faut dire au démon pveproxy d'utiliser l'une des deux entêtes précédentes ainsi que préciser l'adresse du proxy.
Préciser l'adresse du proxy est essentiel pour que pveproxy n'accepte de lire l'adresse du client présente dans l'entête uniquement si cela provient du proxy, qui est une machine de confiance. Le cas contraire, tout le monde pourrait ajouter une adresse IP dans l'entête pour la faire bannir...
Nous allons créer le fichier /etc/default/pveproxy avec les lignes suivantes:
PROXY_REAL_IP_HEADER="X-Forwarded-For" PROXY_REAL_IP_HEADER="X-Real-IP" PROXY_REAL_IP_ALLOW_FROM="192.168.4.100"
Il faut maintenant redémarrer pveproxy pour que les changements s'appliquent. Si vous êtes connecté via l'interface web, cela va vous déconnecter, le temps que le démon redémarre, il faudra ensuite certainement rafraîchir la page web.
# systemctl restart pveproxy
Il ne reste plus qu'à vérifier dans les logs si les bonnes adresses s'affichent:
# tail -f /var/log/pveproxy/access.log
Si jamais ce n'est pas le cas, poursuivez avec la modification du fichier AnyEvent.pm
Modification de AnyEvent.pm
Application de la modification
Au jour d'aujourd'hui (13/12/25) la proxification ne fonctionne plus et il faut apporter une modification dans le fichier /usr/share/perl5/PVE/APIServer/AnyEvent.pm pour que les bonnes adresses apparaissent ! En fonction des versions cette modification peut avoir lieu soit ligne 1504, soit ligne 1554.
Il faut repérer la fonction suivante:
sub authenticate_and_handle_request {
my ($self, $reqstate) = @_;
my $request = $reqstate->{request};
my $method = $request->method();
...
C'est un peu plus loin qu'il faut insérer le code :
}
}
### INSERTION ICI ###
if ($self->{spiceproxy}) {
my $connect_str = $request->header('Host');
Il faut modifier l'attribut peer_host de l'objet reqstate si l'une des deux entêtes est présente :
if ($request->header('X-Forwarded-For')) {
$reqstate->{peer_host} = $request->header('X-Forwarded-For');
} elsif ($request->header('X-Real-IP')) {
$reqstate->{peer_host} = $request->header('X-Real-IP');
}
Double IPs
Après redémarrage, cela permet de voir l'adresse du client dans les logs :
# tail -f /var/log/pveproxy/access.log 37.167.182.207, 37.167.182.207 - - [13/12/2025:18:48:18 +0100] "GET /pve2/ext6/ext-all.js?ver=7.0.0 HTTP/1.1" 200 683505 37.167.182.207, 37.167.182.207 - - [13/12/2025:18:48:18 +0100] "GET /pve2/js/u2f-api.js HTTP/1.1" 200 4898 37.167.182.207, 37.167.182.207 - - [13/12/2025:18:48:18 +0100] "GET /proxmoxlib.js?ver=v5.0.4-t1754316706 HTTP/1.1" 200 157086 37.167.182.207, 37.167.182.207 - - [13/12/2025:18:48:18 +0100] "GET /pve2/ext6/theme-crisp/resources/theme-crisp-all_1.css HTTP/1.1" 200 32919 37.167.182.207, 37.167.182.207 - - [13/12/2025:18:48:18 +0100] "GET /pve2/ext6/theme-crisp/resources/theme-crisp-all_2.css HTTP/1.1" 200 6217
L'adresse apparaît non pas une fois mais deux, séparées par une virgule...
On a deux possibilités pour se débarrasser de la virgule ainsi que de la deuxième adresse :
- Soit on ajoute les lignes suivantes dans AnyEvent.pm:
if (index($reqstate->{peer_host}, ',') != -1) {
my @fields = split /,/, $reqstate->{peer_host};
$reqstate->{peer_host} = $fields[0];
}
- Soit on modifie le filtre /etc/fail2ban/filter.d/proxmox.conf pour ajouter ,.* après <HOST> :
... failregex = pvedaemon\[.*authentication failure; rhost=<HOST>,.* user=.* msg=.* ...
Automatisation
On peut automatiser le processus précédent avec le script suivant :
#!/bin/bash
ANYEVENT_PATH="/usr/share/perl5/PVE/APIServer/AnyEvent.pm"
ANYEVENT_REGEX='$self->{spiceproxy}'
TMP_FILE="/tmp/AnyEvent.pm.tmp"
if [ ! -f $ANYEVENT_PATH ]; then
echo "$ANYEVENT_PATH does not exists !"
exit 1
fi
if [ $(grep '### BUGFIX REMOTE_IP FOR FAIL2BAN ###' $ANYEVENT_PATH | wc -l) -eq 1 ]; then
echo "AnyEvent.pm already patched !"
exit 0
fi
LINE_NUMBER_TOP=$(nl -ba $ANYEVENT_PATH | grep $ANYEVENT_REGEX | head -n 1 | awk -F ' ' '{print $1}')
let LINE_NUMBER_TOP-=1
if [ $LINE_NUMBER_TOP -lt 0 ]; then
echo "Did not find the $ANYEVENT_REGEX expr in $ANYEVENT_PATH"
exit 1
fi
echo -n "Applying bugfix: "
trap "rm -f $TMP_FILE" 0 1 2 5 13 15
head -n $LINE_NUMBER_TOP $ANYEVENT_PATH >$TMP_FILE
cat >>$TMP_FILE <<EOF
### BUGFIX REMOTE_IP FOR FAIL2BAN ###
if (\$request->header('X-Forwarded-For')) {
\$reqstate->{peer_host} = \$request->header('X-Forwarded-For');
} elsif (\$request->header('X-Real-IP')) {
\$reqstate->{peer_host} = \$request->header('X-Real-IP');
}
if (index(\$reqstate->{peer_host}, ',') != -1) {
my @fields = split /,/, \$reqstate->{peer_host};
\$reqstate->{peer_host} = \$fields[0];
}
#####################################
EOF
echo "$ANYEVENT_MODIF" >>$TMP_FILE
cp $ANYEVENT_PATH $ANYEVENT_PATH.ori
LINE_NUMBER_BOTTOM=$(cat $ANYEVENT_PATH | wc -l)
let LINE_NUMBER_BOTTOM-=LINE_NUMBER_TOP
tail -n $LINE_NUMBER_BOTTOM $ANYEVENT_PATH >>$TMP_FILE
cat $TMP_FILE >$ANYEVENT_PATH
rm -f $TMP_FILE
trap 0
echo "done."